Dieu est-il bon ? … mon histoire de nettoyeur haute pression

Le livre de Christopher Hitchens, intitulé de manière provocante « Dieu n’est pas grand [1]», en a offusqué plus d’un dans le monde chrétien. Pourtant, je me demande si son titre est si différent du titre que nous donnons souvent à notre propre histoire : « Dieu n’est pas bon » ou « pas assez bon ». Je trouve qu’un point de lutte central dans ma vie et dans celle des personnes à qui je parle se situe dans le fait que, dans le stress banal de notre vie quotidienne, nous avons du mal à vivre comme si Dieu était vraiment bon.

J’aimerais vous en donner un exemple pour illustrer ce que je veux dire. Ma femme et moi sommes dans le processus de vendre notre maison. L’une des innombrables tâches à accomplir pour que la maison soit prête était de laver notre revêtement (crasseux) au nettoyeur haute pression. Je n’avais jamais utilisé de nettoyeurs haute pression, mais j’ai pris mon courage à deux mains et j’ai fait une demi-heure de route pour aller chez Home Depot[2] afin d’en louer un, la veille de la mise en vente de la maison. Mais cette espèce de machine ne voulait pas démarrer. J’ai relu les instructions. J’ai prié. J’ai tenté des petits réglages. J’ai appelé le service à la clientèle. À chaque 30 secondes qui s’écoulaient sans que cet ennemi mécanique ne donne signe de vie, ma température interne montait d’un degré, sous la pression de la frustration et du temps qui pressait. J’ai prié à nouveau, plaidant, en proie à un réel désespoir. Et finalement, toutes les autres solutions ayant échoué, je lui ai asséné un coup de pied. Très fort.

Dans le stress banal de notre vie quotidienne, nous avons du mal à vivre comme si Dieu était vraiment bon.

Heureusement, c’était un équipement solide et de bonne qualité alors je ne l’ai pas cassé. En fait, je l’ai à peine fait bouger. Au début, cela m’a mis encore plus en colère — l’indifférence du nettoyeur était exaspérante et je me sentais impuissant. Un moment plus tard, le ridicule de mon comportement m’a frappé de plein fouet. Pourquoi étais-je en colère au point de recourir à la violence physique ? La réponse n’était pas très encourageante : je ne croyais pas que Dieu était bon — pas à ce moment-là en tout cas. Je vivais dans un monde où le nettoyage haute pression était nécessaire à la vente de ma maison, où ma maison devait se vendre pour que ma famille soit en sécurité financière, et Dieu ne faisait pas partie de l’équation. J’ai passé les 30 minutes de route jusqu’au Home Depot (je dois avouer que je me suis senti mieux lorsque le technicien du magasin n’a pas réussi à le démarrer non plus) à prier pour que Dieu m’aide à agir selon la réalité de sa bonté. Si ma maison ne se vend pas, Dieu sera toujours celui qui pourvoit et celui qui sauve. Il pouvait vendre ma maison même si le revêtement était sale. Il m’a fallu toute une demi-heure de route pour me repentir de ma rage et implorer que Dieu me donne des yeux capables de voir la réalité.

Malheureusement, mon expérience n’a rien de nouveau. Lorsque Adam et Ève ont péché dans le jardin, ils ont choisi de se fier à leur propre vision de ce qui était bon, rejetant implicitement la bonté du Créateur qui avait interdit l’accès à l’arbre. Nous suivons facilement leurs traces, en rejetant la bonté de Dieu, lorsque nous permettons à un nettoyeur haute pression défectueux de nous dire que la vie est injuste, que nous ne sommes pas en sécurité et que notre colère est justifiée parce que nous méritons mieux. Nous analysons donc les preuves de la bonté de Dieu de manière extrêmement sélective, en faisant de ce que Dieu nous offre — ou de ce qu’il nous refuse — le critère le plus important pour juger de sa provision.

Heureusement, Jésus nous interpelle. « Si donc, bien que vous soyez mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, à combien plus forte raison votre Père qui est dans les cieux donnera-t-il de bonnes choses à ceux qui les lui demandent. » (Mt 7.11)

De bonnes choses — qu’est-ce que cela signifie exactement ? Il ne s’agit certainement pas d’une simple mentalité du style « compte les bienfaits de Dieu ». Bien que la reconnaissance des dons de Dieu nous aide à nous rappeler que « toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu » (Ro 8.28), je crains que nous passions souvent à côté de l’étape la plus importante. Luc formule le défi de Jésus de manière un peu plus spécifique que Matthieu en disant : « à combien plus forte raison le Père céleste donnera-t-il le Saint Esprit à ceux qui le lui demandent. » (Lu 11:13, italiques ajoutés) En définitive, la preuve de la bonté de Dieu ne se trouve pas dans la plénitude des bénédictions physiques et sociales qu’il accorde. La bonté de Dieu à notre égard se trouve plutôt dans le fait qu’il nous a donné le Christ, nous unissant à lui, nous remplissant de son Esprit Saint, nous rachetant de nos péchés et nous sanctifiant à l’image de son Fils.

La preuve de la bonté de Dieu ne se trouve pas dans la plénitude des bénédictions physiques et sociales qu’il accorde.

Cela ressemble-t-il à une platitude théologique ? Le don du sang de Christ sur la croix ne vous passionne-t-il pas autant que la résolution d’un conflit dans votre mariage, des enfants dont vous pouvez être fier, une promotion ou le fait d’emmener cette jolie fille au restaurant et au cinéma ? Alors vous êtes, comme moi, un chrétien qui a du mal à croire que Dieu est vraiment bon ; et vous êtes, comme moi, intimement convaincu que votre propre définition du bien est vraiment bien meilleure que celle de Dieu. Pourtant, en Christ, Dieu nous a déjà donné toutes les preuves que nous pourrions demander de sa bonté. La liberté et la joie véritables viennent lorsque nous pouvons « chercher d’abord le royaume de Dieu », en ayant confiance que « Lui, qui n’a point épargné son propre Fils, mais qui l’a livré pour nous tous, comment ne nous donnera-t-il pas aussi toutes choses avec lui ? » (Mt 6.33, Ro 8.32)

Je voulais que le nettoyeur fonctionne. Comme il ne fonctionnait pas, j’ai réagi avec colère. Je détestais ce désagrément et j’avais peur. Et si ma maison se vendait à un prix inférieur à celui que je souhaitais ? Et si elle ne se vendait pas et que nous n’avions pas les moyens d’acheter une autre maison ? Dieu pourrait-il encore être bon ? Oh, Seigneur, éclaire les yeux de mon cœur !

Alors, s’il vous plaît, priez pour que nous vendions notre maison à un bon prix. Mais surtout, priez pour que je sache que Dieu est bon même si nous ne la vendons pas. Nous saurons que c’est le cas quand je serai capable de passer le balai avant une visite sans me plaindre ou quand je résisterai à la tentation d’être amer lorsque je recevrai une offre d’achat ridiculement basse. Nous saurons que c’est le cas quand nos difficultés rendront plus profond notre amour pour Celui qui est bon.

 

[1]      Christopher Hitchens, Dieu n’est pas grand : comment la religion empoisonne tout (éditions Belfond) 2009 (NDT)

[2]      Chaîne américaine de magasins de bricolage (NDT)

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