« Théologie. Discussion. »

Maintenant que la plupart des personnes ont quitté la pièce, nous pouvons avoir une conversation en tête-à-tête.

Notre rapport à la théologie est ambivalent. Citons les points négatifs : la théologie divise l’église ; elle peut être théorique et abstraite, ce qui revient à dire ennuyeuse, impersonnelle et non pertinente. Ces points négatifs pèsent lourd ! Quant aux points positifs, disons simplement que la vie est théologique.

Jésus est entré dans l’histoire, il est mort sur la croix et il est ressuscité. Il s’agit là de points historiques. Jésus est mort sur la croix pour pardonner les péchés, et il est ressuscité pour nous justifier. Ceci est de la théologie. Nous nous réunissons en tant qu’églises, habituellement le dimanche matin. Il s’agit là d’un simple fait. Nous nous réunissons parce que le royaume des cieux est venu en Jésus et que des personnes hétéroclites forment à présent un peuple uni. Voilà un peu de théologie. La théologie interprète toutes les sphères de la vie. Par elle, Dieu se révèle et définit toutes choses dans sa création. Le counseling biblique est théologique.

La théologie interprète toutes les sphères de la vie. Par elle, Dieu se révèle et définit toutes choses dans sa création. Le counseling biblique est théologique.

Je peux me faire du souci au sujet de l’argent. C’est une question théologique. Récemment, ma femme et moi avons traversé une période d’incertitude concernant un diagnostic médical. Pendant tout un mois, nous ne savions pas si elle était effectivement atteinte d’une maladie grave. Le diagnostic fut négatif, mais notre manière de vivre ce mois était une question de théologie.

Nous parlons parfois de la théologie comme des lunettes que nous portons. Sans elles, nous sommes pratiquement aveugles. Avec elles, nous pouvons voir Dieu et la création comme il veut que nous les voyions – et j’emploie le mot « voir » aussi bien dans son sens littéral que dans le sens d’agir pour glorifier Dieu. Puisque tout appartient à Dieu, nos lunettes théologiques apportent à toutes choses une clarté qui conduit à l’action.

Pour rendre l’image des lunettes plus personnelle, nous pourrions adopter la structure des Proverbes, et imaginer le Père marchant avec ses enfants. La théologie, c’est Dieu qui marche avec nous à travers les bois, qui nous aide à apercevoir la colonie de fourmis soigneusement organisée, et qui nous montre le lien qui existe entre ces fourmis et son caractère. C’est Dieu qui marche avec nous dans la ville, qui nous fait part de la compassion qu’il éprouve envers les pauvres, ou de ce qu’il pense de l’art et de la musique. La théologie, c’est Dieu qui nous invite à déjeuner – une déclaration extraordinaire de communion – et qui nous parle de lui-même. La théologie, c’est lorsque nous nous asseyons avec un frère ou une sœur qui nous parle de problèmes de vie complexes, et que nous nous tournons vers Dieu et lui demandons : « Seigneur, que penses-tu de tout ça ? » Le processus est merveilleux et infini. Notre objectif est de constamment être à l’écoute de Dieu afin que ses interprétations corrigent les nôtres et deviennent nôtres.

Le counseling biblique, tel que je le comprends, est du counseling théologique. Nous voulons à tout prix éviter d’être en dehors des interprétations directrices de Dieu. Ce qui ne signifie pas que nous n’ayons pas le droit de dire : « je ne sais pas. » Je le dis au moins une fois par heure, et je reste théologique. Je suis une créature, pas le créateur. Je suis limité. Je ne sais pas tout, et je n’ai pas à tout savoir. Mais à chaque fois que je dis « je ne sais pas », il reste toujours des choses que je sais – telles que « prions » – et c’est alors que la lumière se fait.

Je suis une créature, pas le créateur. Je suis limité. Je ne sais pas tout, et je n’ai pas à tout savoir.

Comment alors pouvons-nous devenir des théologiens pratiques ? C’est simple – il vous suffit de suivre tous les cours du CCEF et de… je plaisante, bien que le fait d’avoir suivi la plupart des cours m’ait aidé à devenir un meilleur théologien pratique. Voici d’autres façons de s’améliorer :

Lisez la Bible. Eh oui, c’est là que la théologie commence. Certaines personnes ouvrent la Bible au hasard et la lisent jusqu’à ce que quelque chose les interpelle. Je ne peux contester cela ! Lorsque quelque chose les interpelle, cela signifie probablement qu’elles sont en train de devenir des théologiens pratiques. En d’autres termes, elles découvrent que Dieu donne un sens nouveau, un éclairage nouveau et une sagesse nouvelle à leur quotidien.
C’est après cela que les choses se compliquent. Essentiellement, cette stratégie consiste à lire encore plus la Bible. Mais nous savons que nous lisons un livre qui parle de cultures étrangères très différentes de la nôtre. La théologie appliquée implique de se rendre compte que nous avons besoin d’aide et de chercher de l’aide. Notre tâche consiste à comprendre le sens d’un passage tel qu’il était compris par ses lecteurs originaux, et à le transposer à notre contexte quotidien. Nous sommes à la fois des théologiens pratiques et des historiens. La tâche n’est pas facile, et il ne fait aucun doute que la plupart des auteurs de l’Écriture seraient dans tous leurs états s’ils voyaient comment nous avons déformé leurs propos. Mais j’ai pu constater que Dieu était très patient face à mes interprétations erronées et il se réjouit de notre désir de le chercher et de le connaître.

Axez tout sur la personne de Jésus. Ce point semble évident, pourtant il ne l’était pas pour moi. Jésus est au centre de la Bible. « Et commençant par Moïse et par tous les prophètes, il [Jésus] leur expliqua dans toutes les Écritures ce qui le concernait » (Lc 24.27). Pour être encore plus précis, c’est Jésus, et Jésus crucifié, qui est au centre de la Bible (1Co 1.23). C’est là le point central de toute notre théologie.
L’apôtre Paul connaissait bien l’Ancien Testament, et certainement qu’il y voyait Jésus partout. Tout comme Jésus, Paul a enseigné que l’Ancien Testament s’accomplit en Christ. Pourtant, d’une certaine manière, il a dû poser à nouveau les fondements de sa théologie, tant la venue du Messie a été surprenante et inattendue. Nous pouvons facilement imaginer Paul en train de redire le récit : « lui [Jésus] dont la condition était celle de Dieu, il n’a pas estimé comme une proie à arracher d’être égal avec Dieu, mais il s’est dépouillé lui-même, en prenant la condition d’esclave, en devenant semblable aux hommes ; après s’être trouvé dans la situation d’un homme, il s’est humilié lui-même en devenant obéissant jusqu’à la mort, la mort sur la croix. C’est pourquoi aussi Dieu l’a souverainement élevé et lui a donné le nom qui est au-dessus de tout nom » (Ph 2.6-9). Puis Paul, prenant un moment de réflexion dans la prière, considère comment s’approprier cette histoire et la laisser influencer sa vie. Et puis rapidement, toutes sortes de pensées étranges émergent de sa méditation. Par exemple, Paul aspire à être le moindre de tous, il fuit tout ce qui pourrait lui donner un statut, il brise les barrières juives, et il met un point d’honneur à manger avec les païens – cette théologie n’était certainement pas issue de l’Ancien Testament.

La théologie appliquée implique de se rendre compte que nous avons besoin d’aide et de chercher de l’aide.

Voyez-vous à présent les choses en grand ? Lorsque vous lisez un passage qui dit que votre colère est mauvaise, vous essayez d’être moins en colère, et il se peut que vous y arriviez de temps à autre. Mais lorsque vous réalisez que Christ est venu sur terre, que l’ancien ordre est en train d’être renversé, et que l’Esprit nous a été donné, vous êtes alors entraîné dans quelque chose de beaucoup plus grand. « Vous n’êtes pas à vous-mêmes car vous avez été rachetés à grand prix » (1Co 6.19-20). C’est une vie de plénitude. Je me suis rendu compte que le fait de savoir que Christ est le Roi et que son Royaume est en mouvement me pousse à l’action. Dans mon travail de counseling biblique, je constate que je suis de plus en plus enclin à débuter une séance en disant : « Très bien, nous ne sommes plus des personnes ordinaires. Notre Roi nous a sauvés, et maintenant, nous lui appartenons. Notre travail consiste à découvrir comment être des enfants remplis de sagesse aujourd’hui – et ce sera probablement le contraire de ce que nous pensons. »

Existe-t-il un meilleur travail que celui de faire de la théologie appliquée et personnelle ? Et c’est ce que nous faisons.

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